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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/386

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Même jeu encore de Mercier quand l’avocat le questionne sur la dépêche de Panizzardi et sur le commentaire des pièces secrètes. Il n’a fait aucun usage de la dépêche, parce que la première traduction semblait dénoncer l’Italie comme au courant de la trahison de Dreyfus et que la seconde traduction n’indiquait pas d’une manière formelle la culpabilité. — Les juges ont vu les pièces de leurs propres yeux ; Chamoin et Paléologue, aux audiences secrètes, Delaroche-Vernet, à la précédente audience publique, ont établi que la première ébauche fut présentée à Sandherr comme douteuse, que la traduction définitive fut reconnue exacte par Sandherr lui-même, et que toutes deux étaient également favorables à Dreyfus ; l’explication de Mercier n’en paraît pas moins plausible. — Pour le commentaire des pièces secrètes, s’il l’a détruit, en 1894, c’est « qu’il l’avait fait faire pour son compte personnel » ; au surplus, la « loi de revision de 1895 n’était pas votée ; il n’y avait, par conséquent, plus de suites judiciaires à donner au procès » ; et s’il a brûlé en 1897 « la copie » du commentaire, — en fait, le texte même de Du Paty, qui n’avait pas servi, remplacé par la notice biographique, — « c’est qu’il estimait, par des considérations patriotiques, qu’il ne fallait fournir aucun prétexte pouvant faire décider la revision[1] ».

On pensa alors, assez généralement, que Mercier se

    taux de l’Affaire, autrement que pour protester formellement contre les allégations qui y mêlent l’Allemagne, etc.) — L’auteur et son préfacier esquivent d’ailleurs toute discussion sur le bordereau annoté, parce que Mercier et Boisdeffre ont précédemment affirmé sous serment devant la Cour de cassation qu’ils ne l’avaient jamais employé ni vu. — Leur livre est dédié à Mercier et à « l’ancien État-Major ».

  1. Rennes. I, 160 à 163, Mercier. — Voir t. Ier, 245 à 250, 359, 451 ; t. III, 193 ; etc.