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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/39

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CHAMBRES RÉUNIES


races » ; l’État-Major, en retour, lui promit de « le tirer des pièges » que lui tendraient leurs communs ennemis. « Les moyens employés furent-ils toujours très adroits ? Il est permis d’en douter. Les Aryens, qui commencent à peine à se reprendre, ne sont pas encore arrivés à ce degré de dextérité qui a permis aux Juifs, arrivés en haillons en France, de dépouiller les Français naïfs jusqu’à l’os. » Aussi bien les camarades d’Esterhazy vont-ils être obligés de parler à leur tour, et, « si le colonel Du Paty de Clam dit la vérité, il dira qu’il n’a agi que par ordre de Boisdeffre, ce qui est manifeste pour tout homme intelligent ». Alors, « on expulsera Boisdeffre de l’armée », et, à la première guerre, ce sera la défaite, mais aussi « le massacre des Juifs, qui en seront tenus pour responsables ». — « Ce jour-là, on entendra le cri sinistre et rauque des journées de septembre : À mort ! à mort ! et à ce moment les Juifs comprendront » :

Que ce Drumont, diront-ils, était bon ! que son cœur était généreux ! C’était le dernier prophète, le nabi des suprêmes conseils, que Jéhovah nous avait envoyé afin de nous avertir et de nous montrer l’abîme. Au lieu de l’écouter, nous avons dépensé des centaines de mille francs pour le faire appeler Barbe-à-poux dans des journaux que l’on jetait au ruisseau. Décidément, la parole de l’Écriture est toujours vraie : « Malheur à toi, Jérusalem ! »

Et continuant à vaticiner, en effet, à la façon des prophètes d’Israël, dont un peu de sang coulait dans ses veines du fait de quelque bâtardise ancestrale :

Ce n’est pas moi, à cette heure suprême, que les Juifs maudiront : c’est Reinach.