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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/483

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RENNES


(Brücker) ; ils en ont dressé procès-verbal et Jouaust n’a qu’à faire rechercher le document[1].

Jouaust n’attacha aucune importance à cette lettre ; il en recevait tous les jours d’aussi absurdes, les passait à Carrière. Il fit de même pour celle-ci et Carrière ne s’y arrêta pas davantage[2].

Pendant ce temps, Mareschal était rentré au ministère où il trouva tous les esprits qui chauffaient. Au lendemain des audiences où les généraux avaient révélé les sottises et les méfaits de l’espionnage, Galliffet avait résolu d’interrompre le service des renseignements, en attendant de le supprimer tout à fait[3] ; de plus, Rollin venait d’être mandé par Jouaust pour s’expliquer sur le cas de Lajoux[4]. Grand émoi où les négociations avec Austerlitz disparaissaient, n’étaient plus que le dernier incident d’un système enfin condamné. Dautriche inscrivit l’opération des 25.000 francs, mais sans y faire mention d’Austerlitz, l’antidata, le 21, du 16 août[5], et Delanne signa au registre, machinalement[6], comme fait un homme accablé d’affaires (en l’absence de Brault et de de Lacroix). Il ne

  1. Rennes, III, 313 et 314, lettre de Cernuski à Jouaust.
  2. Ibid., 315, Carrière. — Voir p. 480.
  3. Procès Dautriche, 151, François ; 411, Delanne ; 433, colonel Hache ; 644, Galliffet.
  4. Ibid., 230, et Rennes, II, 10, Rollin.
  5. Procès Dautriche, 45, Dautriche ; 149, François.
  6. Ibid., 399, 400, Delanne : « J’ai donné ma signature comme s’agissant d’une affaire courante… Je n’en ai gardé aucun souvenir. » — 150, François : « C’est moi qui me suis trouvé en face du général Delanne pour le règlement de l’affaire Austerlitz. Je vais donc chez lui avec cette formule à signer : « Le général Delanne autorise le prélèvement de 20.000 francs pour assurer les besoins du service courant… Il est matériellement impossible que je n’aie pas donné d’explications au général ou qu’il ne m’en ait pas demandé… Il a dû me dire : « Pourquoi me fait-on signer, le 21, une pièce qui est datée