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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/518

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Mercier, comprenant qu’il avait rétabli le combat, n’insista pas, termina par d’humbles paroles, d’une voix déférente, mais qui les scandait, les gravait au plus profond de l’esprit des juges : « Je vous demande de vouloir bien conserver à toutes les dépositions que j’ai eu l’honneur d’apporter à cette barre le degré de confiance et l’autorité morale que vous auriez bien voulu leur attribuer si l’incident Freystætter ne s’était pas produit. »

Ainsi il n’aura pas seulement « disqualifié » le témoignage de Freystætter, mais tous les autres, surtout celui de Casimir-Perier sur les incidents allemands.

Demange essaya de parer le coup : « Si la déposition du capitaine Freystætter devait avoir une action sur la solution que vous avez à donner à ce procès, j’insisterais pour le faire entendre. Mais il n’en est rien. Je ne veux surtout pas que la question puisse se poser entre le général Mercier et le capitaine Dreyfus. Grâce à Dieu, je suis ici dans une enceinte de justice… C’est la seule question de Dreyfus qui se pose devant d’honnêtes gens et de loyaux soldats. Je vous demande d’oublier ces regrettables incidents. »

Les juges l’eussent voulu qu’ils ne le pouvaient pas.

    opéraient, les a attaqués et, en action de combat, tués à la baïonnette. Le fait n’avait rien d’insolite ; les militaires les plus modérés agissaient de même. Ce qui, cette fois, caractérisa la rigueur déployée, c’est qu’elle s’exerçait non contre des patriotes insurgés ou suspects, mais contre une bande de criminels de droit commun saisis sur le fait. J’ai regretté qu’une partie de la bande n’eût pas été épargnée et envoyée aux travaux publics, pour lesquels nous manquions de main-d’œuvre, mais le capitaine Freystætter a pu attester la légitimité de l’exécution et l’indignité des victimes. Je répète qu’il s’agit de gens tués dans le combat et nullement d’un convoi de prisonniers qu’on aurait fusillés ou massacrés après coup. » (Rennes, II, 540, Laroche.)