les partisans de la Revision, « la preuve évidente et palpable de la culpabilité de Dreyfus, mais qu’on ne pouvait pas communiquer[1] ». Chamoin, sans une hésitation, affirma qu’une telle pièce n’existait pas.
Restait une question, un peu grossie par les passions aux prises, si les Chambres réunies procéderaient à une enquête supplémentaire.
Il s’était produit, à ce sujet, un singulier revirement parmi les adversaires de la Revision.
Pendant les deux mois où l’on discuta du dessaisissement, ils avaient réclamé que l’enquête de la Chambre criminelle fût mise au pilon, comme entachée de partialité, et Quesnay, Lemaître, Barrès, exigeaient que les Chambres réunies procédassent à un nouvel examen intégral de l’Affaire. Maintenant, ces mêmes gens trouvaient qu’il y avait assez de lumière et criaient qu’il fallait en finir au plus vite.
Même revirement chez les militaires compromis. En janvier, à leur demande, Freycinet avait prié Lebret de provoquer la confrontation de Gonse et de Roget avec Bertulus et Picquart[2]. La Chambre criminelle s’y était refusée, ces confrontations, qui auraient pu dégénérer en algarades, « paraissant inutiles à la manifestation de la vérité[3] ».
À présent, Gonse et Roget, Cavaignac lui-même, n’avaient plus que « le désir d’une prompte solution » ; ils auraient craint, en insistant. « de contribuer à retarder l’arrêt[4] ». Ils se bornèrent à renouveler, dans des lettres écrites à tête reposée, leurs affirmations pré-