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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/107

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L’AMNISTIE


sel dans sa propre chambre pour y rédiger le rapport[1].

Grand émoi au bureau quand Mareschal y raconte le résultat de son voyage, qu’il a pris la Sûreté générale en flagrant délit, qu’il tient Tomps. Tout juste, François vient d’apprendre un autre exploit du policier : Tomps est allé à Madrid, avec Lajoux, à la recherche de Richard Cuers ; c’est Lajoux lui-même qui en a averti Millevoye[2].

Il était exact que Tomps avait donné à un piège de Lajoux. L’ancien agent d’Henry, à bout de ressources, tombé dans la crapule, vivait d’expédients et de chantages. Il imagina de conter à Tomps que son ancien associé Cuers[3] était à Madrid, employé à un important service allemand d’espionnage, et qu’il y aurait moyen de s’en faire livrer par lui les secrets. Cela résultait de lettres qu’il montrait. Waldeck-Rousseau, manquant à son ordinaire clairvoyance, autorisa Tomps à se rendre à Madrid avec Lajoux[4]. Le secrétaire de Cavard prit le même train, mais n’était point de la partie. Arrivé à Madrid, Lajoux demande de l’argent ; Cuers n’y était pas ; la correspondance était fausse[5].

François rend compte au colonel Hache, chef du 2e bureau, et au sous-chef d’État-Major, le général de Lacroix ; il résulte de tous les renseignements re-

  1. Procès Dautriche, 215, Mareschal. — Il envoya à François la dépêche suivante : « Suis obligé de rester pour déclaration de Wessel, importante et curieuse, relative machinations Tomps-Cernuski ; fais faire déclaration écrite. »
  2. Ibid., 176, François.
  3. Voir t. I, 21.
  4. Sénat, séance du 25 mai, discours de Waldeck-Rousseau.
  5. Procès Dautriche, 566, Tomps ; 567, François.
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