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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/108

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


cueillis depuis trois mois que les amis de Dreyfus, particuliers et fonctionnaires, s’apprêtent à reprendre l’Affaire ; la Sûreté cherche à suborner des témoins ; Mathieu Dreyfus est allé à Vienne (il n’y était pas allé depuis quinze ans) ; j’enquête à la fois sur Cernuski et sur la femme Bastian[1]. Hache et de Lacroix lui prescrivirent d’établir un rapport d’ensemble pour être communiqué au général Delanne, chef d’État-Major, puis au ministre[2].

Delanne, quand François lui remit son rapport et lui en dit le sujet, l’interrompit au premier mot. Le ministre a défendu qu’on s’occupe de l’Affaire ; les ordres s’exécutent, ne s’interprètent pas ; le chef d’État-Major donnera l’exemple de l’obéissance ; il ne lira même pas le rapport qui sera brûlé. Sur quoi, de Lacroix le jeta au feu, en présence du colonel Hache et de François[3].

Tout était à recommencer.

Tomps, jusqu’alors, avait su rester sourd aux sollicitations de Przyborowski et de Mathilde ; « il s’était enfermé strictement dans ses fonctions » qui n’étaient pas « de former des dossiers en vue de fournir des éléments à de nouvelles agitations[4] ».

Soit que Mathilde fût devenue plus pressante, soit que la curiosité, la passion de la chasse qui font le bon policier, l’aient emporté enfin sur la prudence, il arriva cependant un moment où Tomps se laissa aller à répondre à l’invite :

  1. Procès Dautriche, 167, 177, François ; 291, Joseph Reinach ; 382, Mathieu Dreyfus.
  2. Ibid., 422, de Lacroix.
  3. Ibid., 177, François ; 404, Delanne ; 422, de Lacroix ; Enquête Atthalin, 4 juin 1904, de Lacroix.
  4. Chambre des députés, séance du 22 mai 1900, discours de Waldeck-Rousseau ; Procès Dautriche, 507, Cavard ; 525, Hennion.