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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/109

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L’AMNISTIE

Pourquoi, écrit-il à Mathilde, Przyborowski ne me fait-il pas lui-même ses propositions ?… Il t’a dit « qu’il pouvait attester que le témoignage de Cernuski à Rennes avait été payé » et que « Mercier était le plus compromis dans cette affaire »… Je n’exige pas de lui, qu’il raconte l’affaire tout au long ; mais je voudrais qu’il ne se contente pas de me dire simplement : « Je suis disposé à traiter avec vous personnellement des deux affaires que vous connaissez. » Avant d’entrer en pourparlers avec lui, il faut que je soumette ces questions à qui de droit, et, pour cela, je n’ai rien en mains. (3 avril.)


Mathilde s’acquitte de la commission ; Przyborowski refuse ; il n’écrira pas à Tomps. « Si X… ne veut pas écrire, répond alors Tomps, il n’y a qu’à y renoncer, et il peut, s’il le juge convenable, aller chez les Cafres. J’ai des raisons pour me méfier. » (9 avril.)

Tomps, par précaution, avait coutume d’exiger de Mathilde qu’elle lui renvoyât les lettres qu’elle recevait de lui. Elle lui certifia qu’elle lui avait retourné, par pli recommandé, la lettre du 3.

Przyborowski vint alors à Paris, eut une entrevue avec Mareschal. À l’en croire, Mareschal lui « prescrivit » de retourner aussitôt à Nice et « de s’y procurer, par tous les moyens possibles et même par le vol », les lettres de Tomps. Le Polonais aurait refusé : « Dans trois jours, lui aurait répondu l’officier, j’aurai les lettres[1]. »

Wessel, le 9, fut arrêté à Nice.

C’était Mareschal qui l’y avait renvoyé, encore que Wessel lui eût objecté de nouveau la grave imprudence, le danger de le jeter une fois de plus dans la gueule du loup. Mareschal lui affirme qu’il a fait le néces-

  1. Enquête Trotabas, 29 mars 1904.