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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/127

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L’AMNISTIE


emporté par la passion une grande pitié et de plus grandes inquiétudes. La politique était entrée dans l’armée et elle y restait.

Au Sénat, Galliffet, questionné par Chaumié, raconta très exactement la pénible histoire. Par deux fois, il qualifia de « crime » l’acte de Fritsch. Nulle autre circonstance atténuante « qu’un accès de folie ». Waldeck-Rousseau débrouilla ensuite de son mieux l’intrigue policière. L’incident fut clos sans autre débat. (25 mai.)

La Chambre, après sa dure séance du 22, s’était ajournée à la semaine suivante. Le 28, comme Castellane réclamait la discussion de son interpellation, Galliffet escalada la tribune. L’autre jour, en toute bonne foi, il a contesté l’existence de lettres qui lui ont été montrées depuis ; « il prend tout sur lui » ; pourtant il a le droit d’expliquer son erreur, d’affirmer « la parfaite loyauté ». des officiers qui la lui ont fait commettre ; il déclare qu’il n’a pas trouvé aux lettres de Tomps « toute la gravité qu’on leur prête » ; il condamne Fritsch « pour avoir manqué à tous ses devoirs », lui « rend justice » pour avoir avoué sa faute sans difficulté, souhaite « qu’il repousse les compliments d’une certaine presse ». Il faut que l’armée reste, dans la discipline, loin de la politique. « Elle souffre encore de ce qu’on lui a imposé, il y a quinze ans, un aventurier ; elle ne s’en laissera imposer aucun autre. » « S’il vous faut un responsable, que ce soit moi, et je me déclarerai satisfait si votre vote n’atteint aucun autre soldat que moi. »

Tout ce qu’il y avait de meilleur dans le soldat de bonne race qu’était Galliffet, il le mit dans son discours, couvrant ses subordonnés comme doit faire un chef, proclamant sa confiance « dans l’armée qui travaille », isolant la faute commise et qu’il a punie aussitôt, mais