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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/128

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


sans accabler le coupable, s’offrant seul aux coups.

Seuls les républicains de gauche, y compris les socialistes, l’applaudissent ; la Droite, où siégeaient tous ces défenseurs professionnels de l’armée, murmure et proteste.

S’il n’y avait eu, dans la Chambre, que le sens de l’armée et de la France, le débat en restait là.

Au contraire, royalistes et nationalistes rivalisent de mauvaises violences, d’allusions empoisonnées, cherchent à séparer Galliffet de Waldeck-Rousseau, célèbrent Fritsch, s’obstinent dans l’imbécile roman d’un complot policier pour la reprise de l’Affaire. C’est Castellane d’abord, puis Le Hérissé, Lasies, Alphonse Humbert. Quand Humbert descendit de la tribune, radicaux et socialistes se dressèrent devant lui d’un seul élan, lui fermèrent les bancs de la gauche où il voulait remonter.

Il avait été entendu que Galliffet seul, comme chef de l’armée, s’expliquerait sur le rôle des officiers dans les derniers incidents ; et rien ne pouvait agréer davantage à Waldeck-Rousseau à qui toute cette histoire était odieuse et qui souhaitait en parler le moins possible ; mais sa parole, pour une fois, le trahit. Il racontait comment un agent provocateur avait poursuivi Tomps de ses offres de révélations : « Par des moyens sur lesquels je reviendrai, on s’empara de ses réponses et, à l’heure dite, au jour marqué pour tenter un coup de théâtre, il se trouve que ces documents confiés à sa garde, la félonie d’un officier les a livrés. »

Qu’il y eût « félonie », c’était certain ; Galliffet, au Sénat, avait dit « crime ».

À ce mot, la Droite, une partie du Centre sont debout, poussent de longs cris, somment Waldeck-Rousseau de se rétracter, Galliffet de protéger les officiers contre