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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/132

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


périale, il avait été toujours républicain et républicain actif. Mercier, pendant son passage au ministère, très bien renseigné sur lui, l’appela au commandement de l’École polytechnique, avec la consigne « d’y résister à l’envahissement de la gangrène cléricale[1] ». André s’y employa de son mieux. Dès que Galliffet l’eût fait venir à Paris, il défendit de laisser entrer dans les casernes de sa division les journaux cléricaux et antisémites. L’honorable reconnaissance qu’il avait gardée à Mercier ne l’empêcha point de se déclarer contre lui, après les aveux et le suicide d’Henry, sans être convaincu pourtant de l’innocence de Dreyfus ; mais il parla toujours de son ancien chef avec beaucoup de ménagement et attribuait son acharnement contre la revision à l’influence de Cavaignac. Il aimait passionnément le soldat et connaissait ses besoins, détestait la routine comme une ennemie personnelle, et il était surtout résolu à pousser à fond la campagne commencée par Galliffet contre les coteries militaires qui barraient de parti pris la route aux officiers républicains, simplement parce qu’ils ne manifestaient pas d’hostilité au régime, Rien que son arrivée au ministère leur rendra confiance. Il apportait avec lui une grande volonté de bien faire, mais son cœur seul était à hauteur de la tâche que les événements lui imposaient et qu’il n’avait pas cherchée.

XVII

Les adversaires, même les plus échauffés, de l’amnistie ne se faisaient plus d’illusions. Leur cause était

  1. Cinq ans de ministère, 220.