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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/142

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

XIX

Les vacances se passèrent dans le calme et, à Paris, dans le plaisir. Clemenceau, plus indulgent autrefois, s’attrista : « La République s’amuse. Ce ne sont que tréteaux. Des révolutionnaires repentis découvrent qu’il y a dans l’ordre social des causes de joie… Des lampions partout, des éclats de cuivre, des danses. C’est la République qui s’amuse de mourir[1]. »

De fait, elle se sentait heureuse de revivre. L’Exposition lui renvoyait l’image de la plus douce France, laborieuse, artiste, éprise de science, bonne aux malheureux. Les sections de l’Assistance publique, à elles seules, consolaient des inévitables laideurs de la politique. On parcourait, avec une non moindre fierté, celles de l’enseignement. Nos peintres, nos sculpteurs, témoignaient que le sentiment du beau ne s’était pas affaibli. Pour les divertissements officiels, il ne dépendait pas de Leygues de faire revivre Molière, ni même Quinault.

Loubet alla saluer à Marseille le corps expéditionnaire de Chine. Les troupes alliées délivrèrent les ministres européens, assiégés à Pékin par les Boxers. L’Allemagne, parce que son ambassadeur avait été assassiné, avait réclamé le commandement en chef pour le feld-maréchal de Waldersée ; il fallut le lui accorder. Le corps japonais se fit remarquer par son audace, son endurance, sa discipline, un ensemble presque parfait des meilleures vertus militaires. Il était

  1. La Honte, 205 à 210.