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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/25

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L’AMNISTIE

Zola, en juin, à son retour à Paris, dans la joie de l’arrêt de revision et n’ayant pas de doute que Dreyfus serait innocenté à Rennes, avait écrit « que son procès n’était plus utile et ne l’intéressait plus[1] ». De nouveau, maintenant, son procès l’intéressait, redevenu utile, et il avait déjà annoncé que, le 23 novembre, il serait à Versailles, prêt à recommencer la lutte « dans toute son ampleur » ; il y réclamera le témoignage de Schwarzkoppen, « le seul qui peut faire la pleine lumière[2] ».

J’avais, de mon côté, publié une déclaration analogue[3], non moins résolu à la bataille que Zola et non moins persuadé que, « si on avait la justice de laisser venir nos procès[4] », « nous cernions le crime ». Je ne faisais aucun doute que j’arracherais la vérité sur le rôle d’Henry aux cent et quelques témoins que j’avais indiqués l’hiver précédent ; l’un d’entre eux, le général de Rosen, attaché militaire de Russie à Berne, tenait directement de Schwarzkoppen qu’Henry avait été le pourvoyeur d’Esterhazy ; il en avait informé son ministre, le baron Yonine, qui l’avait raconté à l’écrivain Pavlowsky[5].

Qu’il y ait eu de l’illusion dans l’espoir que nous fondions sur les témoignages de ces étrangers qui par-

  1. Voir t. V, 124.
  2. La Vérité en marche, 157 et 159. (Aurore du 12 septembre 1899.)
  3. Siècle du 22 septembre : « Le procès que Zola, par son retour, a réveillé, ne sera pas stérile, ni le procès qui m’est intenté pour la gloire d’Henry… On luttera, on rusera encore contre nous. C’est entendu, prévu. Luttes et ruses tourneront contre l’iniquité… Nous cernons le crime, il ne peut plus échapper. »
  4. Lettre de Zola : « Si on a la justice de laisser venir nos procès, ce sera sûrement la victoire définitive. »
  5. Voir t. IV, 432.