Aller au contenu

Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


laient si volontiers à des amis, mais dont pas un seul n’avait eu encore le courage de produire publiquement sa part de vérité, c’est ce que l’événement a démontré. Il reste, par contre, très vraisemblable que nos procès, en remuant à nouveau l’opinion, eussent réveillé quelques consciences, arraché des aveux, provoqué le hasard qui nous avait déjà tant servis.

De toutes façons, notre parti était pris, Ne pas réclamer qu’il fût donné suite à nos procès, c’eût été manquer à l’honneur. La réparation définitive de Dreyfus en pouvait sortir.

La voulions-nous seulement pour lui ? Nous étions très loin du mot de Clemenceau : « Dreyfus s’occupe de Dreyfus… » Zola écrivit à Mme Dreyfus : « Que l’innocent soit réhabilité, et seulement alors la France sera réhabilitée avec lui[1]. »

III

Le gouvernement, dès qu’il fut informé de notre intention, ne cacha point la sienne d’y faire obstacle par tous les moyens de procédure, c’est-à-dire d’ajourner nos procès jusqu’au vote du projet qu’il avait décidé de présenter : amnistie pleine et entière pour tous les faits connexes à l’affaire Dreyfus, extinction des actions pénales ou civiles qui y étaient relatives.

Peu d’hommes politiques ont été atteints à un moindre degré que Waldeck-Rousseau de ce que Renan appelait « la maladie de la certitude », parce qu’il aperce-

  1. La Vérité en marche, 177.