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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/338

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


n’avaient point connu. Paléologue confirma à nouveau[1] cet entretien qu’il avait eu, dans les premiers jours de novembre 1897, avec Henry, « très gêné » après sa confidence. Le substitut Wattinne, l’ancien gendre de Billot, qui avait reclassé le dossier Dreyfus avec Gonse, déposa[2] qu’il avait questionné Henry sur la lettre impériale, qu’Henry avait haussé les épaules et, sur le dossier ultra-secret, lui avait dit seulement qu’il s’agissait d’une lettre que Sandherr avait reçue d’un ami d’Alsace. Henry l’avait recherchée dans les papiers de Sandherr, n’avait rien trouvé, « Ah ! il mentait bien ! » s’exclama Wattinne. « Et bien d’autres !… », répliqua Baudouin. Et c’étaient, hélas, des soldats !

La Cour, très résolument, sarcla, défricha dans tous les sens le champ du mensonge de façon à ce que le chiendent de l’infâme légende n’y pût jamais repousser. Pas un témoin militaire, qu’il soit suspect ou non d’avoir aidé à répandre le mensonge, à qui elle ne pose la question des lettres impériales et du bordereau annoté. Et pas un qui ne réponde maintenant que de telles pièces n’ont jamais existé que dans l’imagination des journalistes, « divagations[3] », fables « dont il n’y avait qu’à rire[4] », l’un de ces mille racontars sans importance[5] » « qui roulent dans la presse[6] », « inadmissible même a priori[7] ». « Jamais je n’y ai ajouté foi », s’écrie Boisdeffre, qui en a attesté l’authenticité à la princesse Mathilde[8] ; et de même Gonse, Billot, Zur-

  1. 29 mars 1904. — Voir t. II, 636 et Cass., I, 393.
  2. 4 juin 1904.
  3. Lauth.
  4. Gribelin.
  5. Zurlinden.
  6. Junck.
  7. Boisdeffre.
  8. Voir t. I, 349 et II, 636. — Cour de cassation, 7 mai 1904, Pain-