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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/340

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


tré à Marienbad[1], et le professeur Rocheblave, beau-frère de Lauth, d’une « dame voilée[2] », que Dreyfus n’aurait point trahi pour l’Allemagne, mais pour la Russie ; il lui aurait vendu le secret de la poudre sans fumée et nos vrais états de mobilisation, pour démontrer la fausseté de ceux qui avaient été produits par Boisdeffre, lors de la conclusion de l’alliance. Bien que l’ambassade de Russie eût démenti formellement cette histoire à la veille du procès de Rennes[3], la Cour la comprit dans son questionnaire ; Galliffet se défendit aussitôt de l’avoir prise au sérieux, Rocheblave assura qu’il l’avait recueillie seulement comme un bruit, et tous les témoins militaires, de Boisdeffre à Du Paty et à Lauth[4], la déclarèrent imbécile et fausse.

XI

Il n’y avait plus qu’un accusateur : Bertillon ; qu’une charge : l’écriture au gabarit. Cependant la Cour entendit encore quelques témoins à décharge et s’appliqua à élucider quelques points restés obscurs.

Picquart refit le récit de son rôle dans l’Affaire[5], sans rien apporter d’inédit, chargea vivement sur Du Paty et sur Weil. Il s’étendit ensuite sur les défaillances, les compromissions de Rennes. Dès son arrivée,

  1. Cour de cassation, 2 mai 1904, Reinach ; 11 juin, Galliffet.
  2. Ibid., 30 juin 1904, Rocheblave.
  3. Voir t. V, 222.
  4. De même Mercier, Gonse, Chamoin, Zurlinden, Billot, Rollin, Pauffin, Gribelin.
  5. 7, 9, 10 et 16 mai 1904.