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APPENDICE

Qu’en effet, dans la note d’avril 1898, le lieutenant-colonel Henry, répondant à une question du général Gonse sur la date des pièces arrivées par la voie ordinaire, disait : « D’une manière générale, les pièces ne dataient que d’un mois ou cinq semaines au plus, quelquefois deux ou trois jours seulement » ;

Attendu que, de l’examen de la pièce n° 26, il ressort que celle-ci, après la copie faite au service des renseignements, a été matériellement altérée ; qu’en effet, l’angle gauche de sa partie supérieure où, dans la copie, sont les mots « 28 mars, 3 heures du soir » a été arraché ; de même que, sur la pièce n° 267 dont la copie porte « 28 mars, six heures du soir », l’enlèvement d’un fragment du bord supérieur a fait disparaître « 28 mars » pour ne laisser subsister que « six heures du soir » ;

Attendu en outre que, suivant les dépositions recueillies dans l’enquête, c’est seulement après le procès Zola qu’a commencé au service des renseignements l’usage d’apposer sur les pièces arrivées par la voie ordinaire la date de leur réception ;

Que tout concourt donc à établir non seulement que la date « avril 1894 » a été inscrite par Henry sur la pièce 26 après la copie faite par Gribelin le 31 mars ou 1er avril 1895, mais que, pour constituer rétroactivement une charge contre Dreyfus incarcéré depuis le 15 octobre 1894, l’inscription a eu lieu après le procès Zola en 1898, dans l’intervalle entre les premiers rapports du général Gonse, qui passaient la pièce 26 sous silence et celui dans lequel elle est indiquée pour la première fois.

Sur le moyen pris de la découverte de la minute du commandant Bayle concernant l’attribution de l’artillerie lourde aux armées :

Attendu que le dossier secret produit devant le conseil de guerre de Rennes renfermait, sous le n° 83, un mémento de l’agent A, écrit, partie en français, partie en langue étrangère, parvenu au service des renseignements le 28 décembre 1895 et ainsi traduit : « Lettre 3e direction au