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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/548

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


sujet de 120 affecté à l’artillerie de la 9e armée. Débrouillez pourquoi la 9e armée n’en a pas jusqu’à présent. Une année doit manquer pour tromper. Angleterre. Torpilleurs » ;

Attendu que ce document était accompagné dans le dossier secret d’un commentaire daté du 2 octobre 1897, classé sous le n° 84, suivant lequel les recherches effectuées après la réception de la pièce 83 avaient établi que les renseignements fournis à l’agent A avaient dû être tirés d’une note, émanée de la 3e direction et adressée le 23 mars 1893 au 1er bureau de l’État-major général, qui l’avait ensuite transmise au 3e bureau, après avoir lui-même, le 27 mars, rédigé sur la question une autre note dont la copie existait encore, mais dont la minute avait disparu, que la minute ne pouvait être l’œuvre que du commandant Bayle ou de son stagiaire le capitaine Dreyfus ;

Attendu qu’on a conclu de là devant le conseil de guerre de Rennes que, le commandant Bayle, étant au-dessus de tout soupçon, la disparition devait être imputée à Dreyfus ; que cette circonstance a été retenue contre lui par les généraux Mercier, de Boisdeffre et Gonse comme une présomption de culpabilité ;

Mais attendu que le 12 mars 1904, aux archives du premier bureau de l’État-major général, dans un carton portant la suscription : « Rapports au ministre, notes au chef d’état-major », il a été trouvé par le lieutenant-colonel Fournier et le capitaine Hallouin, en présence du commandant Hélie et du capitaine Lacombe, une copie de la note du 27 mars sur laquelle le mot « minute » est écrit au crayon incontestablement de la main du commandant Bayle qui a quitté l’État-Major le 3 juillet 1895 et est mort le 20 novembre suivant ;

Attendu que, si cette pièce avait été soumise au conseil de guerre de Rennes, l’imputation dirigée contre Dreyfus aurait été détruite et que rien n’aurait alors ébranlé la présomption d’innocence résultant pour lui de la date