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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1911, Tome 7.djvu/291

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CORRECTIONS ET ADDITIONS


supposer écrit peu de temps après la condamnation, il perdrait toute valeur, puisque alors tout le monde était convaincu de la culpabilité de Dreyfus, même A. et B. qui ne se sont aperçus de l’erreur judiciaire qu’après la publication de la pièce « Ce canaille de D. »[1] et du fac-similé du bordereau.

« Le général Roget a ensuite reconnu que la date du 30 novembre 1897, donnée par le général Mercier, était inexacte ; c’est celle de la copie produite devant le Conseil de guerre de Rennes ou plutôt de l’entrée de la pièce au service des Renseignements[2]. Quant à l’original qui est écrit au crayon, il n’a pas été daté par son auteur, et si une date y est écrite à l’encre, elle est l’œuvre du service des Renseignements[3].

« Cette double constatation n’aurait-elle pas dû amener le général Roget à conclure que l’appréciation de la culpabilité de Dreyfus contenue dans le rapport pouvait ne pas avoir toute la signification qu’on cherchait à lui attribuer, puisqu’il était impossible de connaître avec précision la date à laquelle elle avait été formulée ? Il n’en a rien été. Le général Roget a fait, en effet, remarquer que le rapport du colonel Schneider se datait de lui-même par les énonciations de son texte. Faisant appel à sa mémoire, il a cru se souvenir que, dans la première phrase, il était question de l’interpellation que M. Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat, devait développer à la tribune du Parlement. Or, l’événement est du mois d’octobre 1897, et, si l’on en croit M. Reinach[4], M. Scheurer-Kestner n’aurait fait part de son projet à qui que ce fut avant le 8 octobre. Le rapport du colonel Schneider serait donc postérieur à cette date et conserverait par conséquent la

  1. Général Roget, Enq. crim., I, 625.
  2. Colonel Jouaust, Rennes, II, 24.
  3. Général Roget, Enq. crim., I, 625.
  4. Le procureur général force ici la pensée du général Roget qui s’était borné à dire : « Avant la fin de septembre 1897, les projets de M. Scheurer-Kestner n’étaient pas encore connus dans le public ; cela est établi par ce que dit M. Mathieu Dreyfus lui-même dans ses Souvenirs cités par M. Joseph Reinach ». Voir t. II, 556.