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Page:Journal asiatique, série 1, tome 2.djvu/136

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pas là le premier objet des hommes qui sentent le besoin de se donner une écriture. Avec ce petit nombre de caractères, ceux-ci pouvaient s’envoyer les uns aux autres des signaux pour résister à une incursion, ou renfermer leurs troupeaux, se rassembler pour une expédition, tomber à l’improviste sur leurs voisins pour les piller, toutes actions qui marquent les premiers pas des sociétés humaines. Nous sommes maintenant trop loin de l’origine de l’écriture, pour bien juger des circonstances qui y ont conduit les inventeurs. Toutefois il est bien probable que cet art a fourni des signaux avant de servir à fixer des traditions, et que le besoin de s’entendre à distance, a précédé l’idée de faire tourner l’expérience du passé à l’avantage de l’avenir.

Nos deux cents caractères primitifs offrent un autre sujet de remarques : sans doute, on dut imaginer des signes, sinon pour tous les objets que l’on connaissait alors, au moins pour tous ceux qui pouvaient être la matière d’une communication de quelque importance. Leur réunion nous présente donc ce que nous cherchons, c’est-à-dire, un tableau des idées et des connaissances de cette époque. Envisagé sous ce rapport, le catalogue dont il s’agit conduit à un résultat tellement singulier, qu’il pourrait sembler paradoxal, si les développemens dont j’ai pu l’appuyer dans mon mémoire, et que je suis forcé de supprimer ici, ne faisaient voir qu’il est d’accord, sur tous les points, avec les traditions conservées par les Chinois eux-mêmes.