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Page:Journal asiatique, série 1, tome 2.djvu/137

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D’abord, cette partie du spectacle de la nature dont les apparences et les révolutions doivent frapper si vivement l’imagination de l’homme sauvage, le ciel n’avait fourni aux anciens Chinois que l’idée de sept caractères seulement. Ils avaient représenté le soleil par une figure circulaire ; la lune, par un croissant, le ciel lui-même par trois lignes indiquant une voûte surbaissée ; les nuages, la pluie, les vapeurs, par des lignes irrégulières et des gouttes. Nulle trace d’une croyance religieuse ne se montre dans le vocabulaire figuratif, si ce n’est la représentation d’une victime offerte en sacrifice, et aussi la tête d’un démon ou mauvais génie. Ainsi, les Chinois n’avaient encore rien à écrire sur la religion, mais ils étaient déjà superstitieux, et cela, sans doute, n’a rien d’étonnant pour qui connaît la marche de l’esprit humain.

La terre avait fourni plus de matériaux que le ciel aux inventeurs de l’écriture chinoise. Parmi les caractères primitifs, on en trouve dix-sept qui représentent les montagnes, les collines, les sources, l’eau, le feu, les pierres, et onze pour l’art de bâtir, figurant le toit d’une maison, un grenier on une grange, deux sortes de fenêtres et de portes, dont une à deux battans, une guérite ou échauguette, et un tertre artificiel dont le nom est devenu, dans des tems plus rapprochés de nous, le titre des capitales et des résidences des souverains de l’empire. Du reste, on ne voit ici rien qui signifie palais, tour, jardin, temple, pont, ville, remparts. Tous ces mots ont été inventés postérieurement.