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Page:Journal asiatique, série 1, tome 2.djvu/142

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vivre avec ses semblables, et un plus petit nombre de végétaux encore, parmi lesquels deux seulement semblent attester un commencement de culture : tel est le résultat de notre analyse, et ce que nous montre le genre des monumens le plus singulier, et peut-être le plus authentique qu’aucun peuple ait conservé. En nous reportant à un état de choses dont il est impossible qu’aucune chronique ait conservé le souvenir, nous y voyons les premiers Chinois à peine sortis de la vie nomade, à peine parvenus au premier degré de la civilisation, dans le dénûment le plus absolu que l’état social puisse comporter. Et, chose remarquable, les deux cents images, distribuées en dix ou douze groupes suivant la nature des objets qu’elles expriment, et considérées isolément, ramènent toujours au même résultat, et conduisent à des conclusions qui se confirment réciproquement, sans que rien vienne les infirmer ou les démentir. On voit que ceux qui employaient ces signes étaient à peu près au même degré d’habileté en astronomie, en économie rurale, en histoire naturelle ; qu’ils n’étaient ni plus savans, ni plus ingénieux, ni meilleurs qu’il ne convient de supposer une réunion de familles sauvages sur un sol encore couvert de forêts, dont nulle main n’a fouillé le sein, ni fertilisé la surface. On croirait voir les tribus de la Nouvelle-Zélande ou des îles des Amis s’essayant, dans l’enfance de la société, aux premiers arts qui marquent la naissance de la civilisation. Mais les Chinois, dans cet état même, avaient déjà conçu l’idée de l’écriture, et ce trait de