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Page:Journal asiatique, série 1, tome 2.djvu/143

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génie qui leur est particulier les met seul bien au-dessus des Sauvages que je viens de nommer, au-dessus même de beaucoup d’autres peuples chez lesquels on a poussé assez loin les arts qui procurent les commodités de la vie, sans songer seulement à celui qui est la condition première de » progrès de l’intelligence.

En poursuivant l’étude des anciens caractères chinois, on s’aperçoit que l’idée première qui leur avait donné naissance ne tarda pas à être fécondée par les plus heureux développemens, D’autres besoins se faisant sentir, et l’art d’écrire venant s’appliquer à des usages auxquels on n’avait pas pensé d’abord, il fallut augmenter le nombre des signes, et, pour cela, recourir à de nouveaux procédés. Car il ne pouvait plus être question de tracer de nouvelles figures, qui auraient fini par se confondre en se multipliant ; et d’ailleurs on avait à peindre des objets sans figures, et il fallait

Donner de la couleur et du corps aux pensées.

Comment de grossiers dessins auraient-ils permis de distinguer un chien d’un loup ou d’un renard ? un chêne d’un pommier ou d’un arbre à thé ? Comment surtout auraient-ils pu exprimer les passions humaines, la colère, l’amour ou la pitié, les idées abstraites et les opérations de l’esprit ? La manière dont on a surmonté ce double obstacle, tout en prouvant qu’on n’avait fait encore que de médiocres progrès dans la culture sociale, fait beaucoup d’honneur au génie des