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Page:Journal asiatique, série 1, tome 2.djvu/145

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larités de conformation, ou les habitudes de l’animal, ou les usages qu’on en pouvait tirer. Par cet ingénieux procédé, se trouvèrent formées de véritables familles naturelles, qui, à quelques anomalies près, pourraient être avouées des naturalistes modernes, et où les dénominations spécifiques semblent les essais de la nomenclature binaire de Linnéus, et en ont presque tous les avantages.

Quant aux notions abstraites et aux actes de l’entendement, la difficulté était plus grande, et elle ne fut pas moins ingénieusement éludée. Pour peindre la colère, on mit un cœur surmonté du signe d’esclave. Pour l’entrainement on la séduction, l’image de femme avec celles de parole et de filet. Une main tenant le symbole de milieu désigna l’historien, dont le premier devoir est de n’incliner d’aucun côté. Les images de deux hommes signifièrent saluer, s’ils se regardaient ; se séparer, s’ils se tournaient le dos ; suivre, s’ils étaient placés l’un derrière l’autre. Pour exprimer l’idée d’ami on plaça deux images de perles à côté l’une de l’autre : il est si difficile de rencontrer deux perles exactement appareillées ! J’ai dit que les Chinois étaient encore bien peu civilisés quand ils inventèrent cette écriture composée : j’en citerais pour preuve l’idée malheureuse de rapporter à l’image de femme, les mots qui peignent les défauts, les vices et les imperfections morales. Un tel usage, qui subsiste encore aujourd’hui, atteste bien l’un des préjugés les plus ordinaires aux peuples barbares. Ainsi cette image, répétée deux fois, signifia dispute et trois fois.