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Page:Journal asiatique, série 1, tome 2.djvu/159

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turque. J. Ch. Adelung[1] le savant auteur du Mithridates, les a rangés dans la classe des Tatars ou Turcs méridionaux, et il ajoute : « On prétend que le dialecte boukhare est un des plus parfaits, quoique mélangé de beaucoup de mots persans. » M. Malte-Brun[2] ne décide rien sur l’origine des Boukhares ; cependant, pour ne pas se compromettre, il fait entendre « que l’idiome des Boukhariens, qui promet un fond de recherches très-curieuses, n’a pas encore été analysé ; nous y avons remarqué, dit-il, plusieurs termes géographiques qui paraissent persans ou gothiques. »

Si le célèbre Pallas avait eu seulement une connaissance superficielle des langues asiatiques, il lui aurait été facile de désigner la véritable place, qui, dans le système des peuples, convient aux Boukhares ; et il aurait évité de les ranger entre les Téléoutes et les Ouzbeks de Khiva, dans le grand vocabulaire comparatif de toutes les langues, que l’impératrice Catherine II l’avait chargé de publier.

  1. Mithridates, vol. I, page 458. — C’est dans le supplément de cet ouvrage que M. Adelung de St.-Pétersbourg, neveu du célèbre Adelung de Dresde, dit qu’entre les 625 mots boukhares insérés dans le voyage de Iefremov en Boukharie, il en avait trouvé un grand nombre qui étaient du persan pur, avec une légère différence de prononciation. Il cite ensuite onze mots du pater, en boukhare, entre lesquels on remarque « tu, schmo » et « ton, schema » ; mais tout le monde sait que le mot persan chumâ signifie vous et vôtre. Il publie aussi dans ce supplément un prétendu pater boukhare, qui n’est autre chose que cette prière en langue turque des Ouzbeks de Khiva.
  2. Précis de la Géographie universelle, vol. III, p. 331.