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Page:Journal asiatique, série 1, tome 2.djvu/311

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encore une observation au sujet d’un alphabet inventé par S. Mesrob ; pour l’usage des Albaniens, que M. Cirbied appelle Aghovaniens. Il veut que la langue de ces peuples soit un dialecte arménien, chose assez indifférente. Cependant, comme Moïse de Khoren rapporte qu’il fallait des interprètes pour les entendre, il s’en suit que leur langue différait de l’arménien. En parlant de l’introduction de cet alphabet, M. Cirbied dit : « Mais le peuple, et surtout le clergé du pays, ne voulurent point recevoir ou continuer cette innovation, etc. » C’est Moïse de Khoren qui a parlé (lib. III, cap. 54) de cette écriture ; ainsi c’est dans cet auteur que M. Cirbied a puisé ce qu’il en dit. S’il avait lu le texte arménien, il y aurait vu précisément le contraire de ce qu’il avance ; c’est volontairement que le peuple et le clergé adoptèrent cette nouvelle écriture որոց կամաւյանձն առեալ զվարդապետութիւն նսրա. Au défaut du texte arménien qu’il trouvait peut-être trop difficile, il pouvait, s’il sait le latin, recourir à la version de Whiston ; il y aurait vu, que les mots qui disciplinam ejus libenter accipientes n’expriment pas du tout un refus.

Les erreurs que j’ai relevées dans les compositions de M. Cibied, et la nature de ces fautes, me dispenseraient, je pense, d’examiner sérieusement la grammaire qu’il vient de publier. Quand on s’exprime comme il le fait, et quand on comprend les auteurs comme on vient de le voir, on doit croire, à plus forte raison, qu’il est impossible de donner des préceptes d’une science dont on paraît avoir fait si peu d’étude.