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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/14

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JANVIER-FÉVRIER 1895.

d’Owāl peu de temps après la visite de Nâcir. Un certain Abou’l-Bahloul (al-ʽAuwām ibn Mohammed ibn Yousouf ibn az-Zaddjādj), de la tribu autrefois dominante au Bahraïn des Abdalqaïs, et son frère Abou’i-Walīd Moslim, orateur (khatib) de l’île, tous les deux pieux sonnites, s’adressèrent au gouverneur (ناظر) carmathe, nommé Ibn ʽArham, sollicitant son intervention auprès du gouvernement de Lahsa pour leur concéder le droit de bâtir une mosquée, parce que les marchands étrangers évitaient de venir à Owāl, où ils ne trouvaient pas de place convenable pour célébrer les prières du vendredi. En fréquentant les marchés de l’île, ils y apporteraient le bien-être et beaucoup d’autres avantages indirects. En outre, Abou’l-Bahloul et son frère offrirent pour la concession une somme de 3,000 dinars. Sur le rapport d’Ibn ʽArham, la permission fut donnée. Lorsque la mosquée fut construite, Abou’l-Walîd monta en chaire et récita la khotba au nom du khalife abbaside al-Qāim bi-amrillah. Les partisans des Carmathes se récrièrent : « C’est, dirent-ils, une innovation damnable qu’Abou’l-Bahloul a introduite par ruse et fraude ; il faut la leur interdire. » Abou’l-Bahloul répondit : « Il est vrai que notre but véritable n’était pas d’attirer les marchands, mais bien de remplir nos devoirs religieux. Nous avons fait pour cela des sacrifices considérables. Si l’on ne veut pas le permettre, on n’a qu’à rendre la somme versée et nous obéirons. » Le gouverneur écrivit à Lahsa et obtint pour Abou’l-Bahloul et les siens la permis-