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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/18

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JANVIER-FÉVRIER 1895.

soir sa famille le trouva mort. Abou’l-Bahloul, accusé de ce meurtre, fit les quarante serments[1] et réussit à apaiser les parents du défunt. Sur ces entrefaites, Ibn Sanbar partit de la côte avec une flotte de cent quatre-vingts galères (شذاة) dont l’équipage se composait pour la plupart d’Arabes des ʽAmir Rabīʽa (branche des ʽAmir ibn Çaʽçaʽa), avec leurs chevaux au nombre de cinq cents qu’Ibn Sanbar avait emmenés, ne s’attendant pas à la résistance. Abou’l-Bahloul n’avait à lui opposer que cent galères équipées en toute hâte. Au moment de s’embarquer, il eut le malheur de tomber de cheval et de se casser la jambe. Cet accident fut cause de la défaite des Carmathes. Cédant aux instances de son frère, Abou’l-Bahloul donna l’ordre de battre en retraite. Or les chevaux des Bédouins, déjà excités par l’embarquement et le mouvement des galères, s’effarouchèrent tout à fait à la vue des drapeaux flottants, au son des tambours et des trompettes, et causèrent le naufrage d’un certain nombre de vaisseaux. Les Bédouins, perdant la tête, se jetèrent dans la mer et Ibn Sanbar prit la fuite. Abou’l-Bahloul s’empara du reste des galères et de deux cents chevaux, de grandes quantités d’armes et de bon nombre de prisonniers. Les gens de l’équipage jurèrent qu’ils avaient

  1. C’est-à-dire le grand serment. Dans les livres de droit musulman, tant orthodoxes que shi’ites, le nombre des serments est de cinquante. (Comp. le Minhadj de Nawawi, par M. van den Berg, III, 191 ; Querry, Recueil de lois concernant les Musulmans shyites, II, 583 et suiv.)