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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/17

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LA FIN DE L’EMPIRE DES CARMATHES.

une armée pour mettre ordre aux affaires d’Owāl. Le vizir des Carmathes, Abou Abdallah ibn Sanbar[1], expédia un de ses fils à Oman pour aller quérir des armes et de l’argent. À son retour, les chefs des insurgés le surprirent, le tuèrent lui et quarante de ses hommes et s’emparèrent de 5,000 dinars et de 3,000 lances qu’il avait apportés, et qu’ils distribuèrent parmi leurs gens. Ibn Sanbar comprit, mais un peu tard, qu’il fallait employer d’autres moyens. Il s’engagea secrètement envers Ibn abi’l-ʽOryān à lui conférer le gouvernement de l’île, à condition qu’il tâcherait de ruiner l’influence d’Abou’l-Bahloul. Ibn abi’l-ʽOryān se laissa gagner. « Nous avons entrepris une chose très dangereuse, commença-t-il à dire à ses amis ; les Carmathes ont le pouvoir de nous écraser et ils ne manqueront pas de le faire. Tâchons de réparer les fautes que nous avons commises. » Son avis fut écouté, ce qui inquiéta Abou’l-Bahloul, parce qu’Ibn abi’l-ʽOryān avait une influence prépondérante. Peut-être avait-il eu connaissance aussi du plan suivant arrêté entre son adversaire et Ibn Sanbar : le vizir viendrait avec sa flotte et quand elle serait en vue, Ibn abi’l-ʽOryān s’emparerait d’Abou’l-Bahloul et le tuerait. Dans un conseil de famille convoqué par Abou’l-Bahloul, on résolut de faire assassiner Ibn abi’l-ʽOryān. Celui-ci avait coutume de se baigner dans un ruisseau situé sur ses terres, accompagné d’un seul serviteur. C’est là qu’un

  1. Le manuscrit porte Shanbar.