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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/185

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NOUVELLES ET MÉLANGES.

la barrière que la prévoyance de son frère lui avait opposée, il fut arrêté dans sa marche par le gouverneur indépendant de Tlemcen et contraint de rejoindre son père à Alger**1. Un pareil insuccès devait bientôt être réservé à une tentative du sultan lui-même qui, parti de cette dernière ville avec son armée, fut battu, en 1349, par le même adversaire et vit périr son fils En-Nacir dans le combat. Abou-l-Haçan, dont les possessions autrefois si étendues avaient ainsi successivement échappé à son autorité, s’enfuit vers Sidjilmassa**2. Abou ’Inan se lança à sa poursuite et, ne lui laissant plus un instant de trêve, l’obligea à se diriger vers Maroc où il ne tarda pas à le rejoindre et à lui infliger, le 8 mai 1350**3, une sanglante défaite qui mit fin à sa précaire souveraineté. Abou-l-Haçan, découragé, mourut à Maroc le 21 juin 1351, après avoir donné, par une proclamation solennelle, sa sanction à l’usurpation de son fils**4.

Abou ’Inan, devenu, à la mort de son père, possesseur incontesté du Maroc, reprit successivement Tlemcen, Bougie et Constantine sur les princes que, par une habile politique, il y avait laissés exercer une ombre de pouvoir, mais il ne put parvenir à s’emparer de la Tunisie. Ces soins donnés à la consolidation de son autorité sur le sol africain ne l’empêchaient pas de surveiller et de punir, en cas de besoin, les agissements de ses lieutenants en Espagne où ses domaines s’étendaient jusqu’à Ronda, au nord-est de Gibraltar.

Abou ’Inan mourut à Fez, le 29 novembre 1358, après quelques jours de maladie. Le dénouement fatal fut précipité, assure-t-on, par ceux de son entourage qui redoutaient les conséquences du retour à la santé du souverain moribond, dont ils avaient eu l’imprudence d’escompter la succession en faisant proclamer prématurément son fils Saïd**5.

1 Hist. des Berbères, de Slane, IV, p. 282.

2 Ibid., p. 285-287.

3 Ibid., p. 290.

4 Ibid., p. 291.

5 Ibid., p. 293-317.