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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/184

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JANVIER-FÉVRIER 1895.

son père avait essuyé, le 10 avril, une sanglante défaite près de Kairouan. Le bruit de sa mort parvint même jusqu’à Tlemcen. Feignant d’ajouter foi à cette nouvelle qui avait été bientôt démentie et abusant sans scrupule de la situation exceptionnelle que lui avait créée l’affection de son père, Abou ’Inan résolut de s’emparer du pouvoir suprême et ne négligea rien pour assurer le succès de ses ambitieuses visées**1. À ce même moment, l’émir Mansour, fils d’Abou Malek et petit-fils du sultan Abou-l-Haçan Ali en même temps que son lieutenant à Fez, sous le prétexte de rassembler des troupes pour voler au secours de son grand-père, faisait secrètement des préparatifs pour assurer sa propre indépendance**2.

À cette nouvelle, Abou ’Inan quitte Tlemcen et se dispose à aller attaquer ce compétiteur dangereux. Après l’avoir défait près de Taza, il le poursuit jusque sous les murs de Fez où il arrive en juillet 1348. Après un siège de quelques jours, il s’empare de la ville dont la chute lui assure la paisible possession du Maroc**3.

Cependant le sultan Abou-1-Haçan apprenait les événements dont le Magbrib central était le théâtre et se proposait d’y rétablir son autorité. Déterminé à la lutte, Abou ’Inan parvient, par une série de concessions nécessaires et de menées adroites, à susciter contre son père de nombreuses compétitions de prétendants hafsides qui s’emparent des villes importantes de l’Algérie et forment de la sorte entre le Maroc et l’Ifriqia un rempart de principautés indépendantes. Il réussit en même temps à leur imposer l’obligation de défendre ses nouveaux Etats contre toute agression venant de l’Est**4. Aussi quand En-Nacir, fils d’Abou-l-Haçan, à la tête d’une expédition dont le sultan lui avait confié le commandement, chercha, en prenant la route de Biskra, à tourner

1 Hist. des Berbères, de Slane, IV, p. 271.

2 Ibid., p. 278.

3 Ibid., p. 275.

4 Ibid., p. 280, a8i.