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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/202

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MARS-AVRIL 1895.

rire[1]. On sait que ce sourire ne paraît jamais sans cause, et sans une cause très sérieuse, sur les lèvres du Buddha ; il fit donc l’objet d’une question de la part des Bhixus. Gotama y répondit par l’histoire de Chaddanta, et dit, dans sa conclusion, que Cûla-subhaddâ n’était autre que cette Bhixunî. Elle devint Arhatî à la suite de cette leçon ; mais son nom n’est pas plus donné à la fm qu’au commencement du Jataka. C’est un personnage anonyme.

La première version chinoise reproduit cette donnée avec de nombreuses différences de détail. L’héroïne, fille d’un Çreṣṭhî de Çrâvastî, parla dès sa naissance pour jeter un blâme sur elle-même et sur tous ses actes. Sa naissance n’en fut pas moins, ou fut, par cela même, une cause de prospérité : ce qui lui fit donner le nom de Bhadrâ (Hien). Le respect qu’elle portait à f habit monacal la détermina à entrer dans la confrérie. Mais elle trouva là un obstacle ; elle ne pouvait approcher du Buddha ni le voir. Elle réussit cependant, à force d’application, à obtenir l’état d’Arhat : ce qui est surprenant et, d’ailleurs, contraire à la version pâlie, d’après laquelle le fait arriva ultérieurement. Tout Arhatî qu’elle était devenue, elle n’approchait pas encore le Buddha. Enfin elle eut ce privilége, et lui fit sa confession qu’il accepta. Les Bhixus furent étonnés : pourquoi ce long délai avant d’obtenir la vue du Maître ? — Celui-ci dévoila le mystère en racontant l’histoire

  1. C’est là un thème habituel aux recueils d’Avadânas du Bouddhisme septentrional et toujours longuement développé.