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MARS-AVRIL 1895.

constater l’existence ou en reconnaître les éléments. Nous avons étudié jusqu’ici les Jâtakas racontés à propos de la calomnie de Cincâ ; mais elle n’a pas été seulement la calomniatrice du futur Buddha ; elle a été son ennemie constante et acharnée. Cette inimitié est racontée dans les cinq autres Jâtakas où il est question de ce personnage. Je dis cinq parce que le recueil nous en donne cinq en effet ; je pourrais dire trois, parce que, comme on le verra, sur les cinq, il en est trois qui n’en forment en réalité qu’un seul. L’histoire de cette inimitié ancienne appartient bien à notre sujet ; suivons-la donc dans les cinq Jâtakas.

6. — Inimitié ancienne de Ciñca pour Gautama.

Le Jâtaka 193, prononcé à propos d’un Bhixu chagrin, se rapproche par son titre, Cûla-Paduma, du Jâtaka 472. La future Ciñca-mânavikâ s’y rend coupable non de calomnie, mais d’adultère et de tentative de meurtre contre celui qui sera le Buddha. Voici l’histoire :

Paduma est, comme dans le Jâtaka 472, le fils du roi de Bénarès ; mais il a six frères plus jeunes que lui. Quand les sept princes furent devenus chefs de famille, le roi, craignant de mauvais desseins de leur part, leur enjoignit d’aller chercher fortune ailleurs. Ils partirent avec leurs épouses et, traversant une forêt, furent réduits à une telle famine qu’ils mangèrent successivement six des femmes en com-