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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/221

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LE CHADDANTA-JÂTAKA.

insulteur puni pour les injures et les faussetés qu’il a grossièrement proférées.

Or ce sont les deux dernières versions qui sont dans le vrai. Il n’est nullement nécessaire que Ciñca-mânavikâ ait calomnié le Buddha au temps passé ; il l’est encore moins qu’elle ait été impudique, puisqu’elle ne l’est pas même en réalité au temps du Buddha. Si le Buddha subit momentanément une honte publique, s’il est un instant déshonoré, soupçonné d’infamie, c’est qu’il a mérité un pareil traitement, et il faut alors nous dire de quels méfaits il s’est rendu coupable jadis, et non de quels méfaits il a été victime. Ce renseignement, les versions chinoise et birmane nous le donnent ; elles sont dans le vrai ; la version pâlie nous le refuse, elle est dans le faux. C’est que le Jâtaka a été composé uniquement pour exalter les vertus du Buddha ; il laisse à d’autres ouvrages le soin de rappeler ses défaillances. J’en ai fait la remarque en comparant le Maitrakanyaka sanscrit avec le Mittavindaka pâli ; je la renouvelle en comparant entre elles les traditions diverses sur Ciñca-mânavikâ. Mais je conclus qu’il y a deux classes de Jâtakas, l’une consacrée aux vertus et aux bonnes actions du Buddha, l’autre à ses vices et à ses fautes. La première est représentée surtout par la célèbre compilation pâlie qui porte le nom de Jâtaka ; j’ai bien peur que la seconde n’ait jamais fait l’objet d’un travail analogue, ou qu’elle n’ait été supprimée. Mais il se rencontre assez de documents épars pour qu’on puisse, sinon la reconstituer, du moins en