Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
212
MARS-AVRIL 1895.

alors qu’elle devait avant tout honorer, avec des fleurs de la forêt, celui qui avait les premiers droits à son hommage, son époux ; et, en passant derrière lui, pendant le pradaxina, elle lui donna un grand coup dans le dos et le fit tomber dans l’abîme ; puis elle s’en fut pleine de joie retrouver son amant.

Paduma était tombé sur un udumbara dont les branches le retinrent et dont les fruits le nourrirent. Un iguane, qui venait y chercher sa nourriture, eut d’abord peur en le voyant, mais, se familiarisant, le prit sur son dos et le porta jusqu’au chemin. Paduma erra d’abord au hasard, puis, apprenant la mort de son père, se rendit à Bénarès, où il fut proclamé roi et créa des établissements de bienfaisance. Pendant ce temps-là, l’épouse criminelle, portant le mutilé sur son dos, parcourait le pays en mendiant. Elle faisait passer son compagnon pour un cousin qu’elle avait été obligée d’épouser. On admirait son dévouement et on lui donnait des aumônes. Quelqu’un l’engagea à se rendre à Bénarès pour profiler de la munificence du prince régnant. Elle suivit le conseil ; mais Paduma reconnut le couple criminel, le confondit et dévoila ses méfaits pour détromper le public. Il avait d’abord donné des ordres très sévères contre les coupables ; mais il se contenta de les bannir de ses États.

Paduma était le futur Buddha ; ses six frères étaient des Bhixus du Buddha ; l’iguane était Ananda, le mutilé Devadatta, l’épouse adultère et meurtrière la fameuse Ciñca-mânavikâ. On retrouve encore dans