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MARS-AVRIL 1895.

l’intention de donner le cœur du singe en pâture à son épouse. Le singe approuve et, avisant un udumbara, lui montre ses cœurs suspendus en grand nombre aux branches de l’arbre. Le stupide crocodile se dirige de ce côté ; le singe saute aussitôt sur l’arbre et se rit de l’animal aquatique dont « l’intelligence est si loin d’être proportionnée aux dimensions de son corps ». Le crocodile était Devadatta, et son épouse Cinca-mânavikâ. Quant au singe habile, c’était le futur Buddha. Tel est le récit des Jâtakas 208-224.

Celui du 57 diffère très peu ; les personnages sont les mêmes. La femelle du crocodile veut manger le cœur d’un singe, habitant des rives du Gange, qui, du bord, sautait sur un rocher à fleur d’eau et du rocher sur une île du fleuve où il trouvait d’excellents fruits. Pour s’emparer du singe, le crocodile mâle se couche sur le rocher pendant que le singe était dans l’île. Étonné de voir le niveau du rocher plus élevé que d’habitude au-dessus du niveau du fleuve, le singe interpelle le rocher par trois fois ; nul écho ne répond. À la quatrième fois, le crocodile demande ce qu’il y a ; la conversation s’engage et le singe apprend qu’on en veut à son cœur. Il conseille au crocodile d’ouvrir la gueule pour le saisir au passage et le crocodile se conforme à cet avis. Mais, en ouvrant la gueule, il ferme les yeux ; le singe lui saute sur la tête et, de là, avec la rapidité de l’éclair, sur la rive où il se trouve en sûreté. Et le crocodile joué rentre dans sa demeure en louant l’habileté du roi des singes.