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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/46

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JANVIER-FÉVRIER 1895.

et une proclamation invitait ceux qui connaîtraient un sujet digne de le remplacer à le faire savoir. Il s’empressa de déclarer qu’il connaissait un éléphant blanc, vertueux, ayant toutes les qualités requises ; qu’on n’avait qu’à lui donner un dresseur d’éléphants et qu’il se faisait fort de l’amener. Le roi accueillit la proposition, et l’homme, accompagné d’un dresseur, se rendit au Candorana dont il avait si bien étudié le chemin. L’éléphant, en le voyant, pénétra son mauvais dessein ; mais il ne voulut pas se livrer à sa colère. Il inclina la tête comme pour saluer et se laissa prendre par la trompe. Sept jours après, il était à Bénarès.

Pendant que sa mère se lamentait, le roi, averti à l’avance de cette capture, avait fait de grands préparatifs pour recevoir avec les honneurs voulus le nouveau Mangalahatthî qui fut introduit dans la demeure de ses prédécesseurs ; mais, quand on lui apporta sa nourriture, il refusa de manger sans sa mère ; le roi, n’ayant pu vaincre sa résistance, ordonna de lui rendre sa liberté, ce que l’éléphant reconnut en adressant au monarque un discours sur les dix devoirs d’un roi avec la recommandation d’être vigilant ; puis, se rendant auprès de sa mère, il la sacra avec de l’eau prise avec sa trompe dans l’étang de lotus. Le roi, touché, créa un village en ce lieu et le donna pour demeure perpétuelle à la mère et au fils. Quand la vieille éléphante aveugle fut morte, son fils, après avoir célébré ses obsèques, se rendit à l’ermitage de Karandaka, où les 500 ṛṣis de