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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/60

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JANVIER-FÉVRIER 1895.

L’éléphant à six défenses serait donc pour les Brahmanistes la monture d’Indra, pour les Bouddhistes le Buddha, dans une de ses vies passées, et, selon quelques-uns, au moment de sa conception — si l’on prend les mots Chaddanta-chabbisâna dans leur sens propre : ce que je fais, considérant l’explication du commentaire comme relativement récente. Dans cette hypothèse, on ne peut guère admettre que les Bouddhistes aient imaginé les six défenses et leur aient ensuite substitué les six couleurs parce que les Brahmanistes se seraient approprié cette création. Je considère donc les six défenses comme une invention brahmanique adoptée par les Bouddhistes qui, se ravisant et pensant que l’adhésion à cette fiction humiliait trop le Buddha (subordonné en quelque sorte à Indra) ou témoignait de trop peu d’originalité, auraient donné des mots Chaddanta et Chabbisâna (en s’appuyant peut-être sur l’épithète uḷârâ une interprétation nouvelle qui certainement ne peut se tirer de ces mots eux-mêmes.

2. — La blancheur.

L’éléphant du Jâtaka 514 est blanc, « tout blanc » (sabbaseto), qualificatif qui, dans le texte pâli, accompagne toujours Chabbisâna. Mais la force de cette expression est restreinte par l’assertion du Commentaire que les pieds et l’extrémité de la trompe, d’ailleurs « semblable à une corde d’argent », étaient rouges. La version sanscrite nous dépeint son héros « res-