Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
61
LE CHADDANTA-JÂTAKA.

se faire fabriquer un « siége de plaisance » (krîdâsanam) avec les défenses du Saddanta. D’après la première version chinoise, elle offre des fruits et des aliments aux Fo-ta de la montagne, et fait un praṇidhâna[1] pour renaître parmi les hommes et arracher, grâce aux mérites acquis par ce moyen, les défenses de l’éléphant. Dans la deuxième version chinoise, la seconde épouse fait le serment (chi[2]) de s’entendre avec quelqu’un pour tuer avec des flèches empoisonnées l’époux dont elle croit avoir à se plaindre.

Je n’insiste pas sur les petites différences de ces récits suffisamment concordants. Je note seulement que dans deux versions (sanscrite et première chinoise) l’épouse jalouse a recours au praṇidhâna, une des pâramitâs complémentaires ; ce qui me paraît bien grave : un praṇidhâna pour arriver à la perpétration d’un crime ! Nous avons déjà remarqué que le Commentaire pâli se sert d’un mot plus faible : patthanâ (demande, requête). L’emploi de ces différents termes est-il intentionnel ? L’auteur du Commentaire pâli a-t-il voulu atténuer l’expression ? ou le compilateur septentrional a-t-il voulu la renforcer ?

Je ne sais. Le terme employé par la deuxième version chinoise, chi(=pratijñâ) paraît devoir se placer entre les deux autres. Mais qu’il s’agisse de prière, de serment ou de vœu, nous avons toujours

  1. Le mot du texte chinois youen est la traduction habituelle du sanscrit ṇidhâna.
  2. Le chinois chi rend ordinairement le sanscrit pratijñâ ; on le joint quelquefois à youen pour traduire le terme praṇidhâna.