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LE CHADDANTA-JÂTAKA.

lève de la première Pâramitâ, Dâna, le « don ». Mais ainsi que nous l’avons remarqué, et que chacun le voit sans peine, c’est un don imparfait. L’éléphant aurait-il livré ses défenses, avant d’avoir été blessé mortellement, sur une simple demande ? aurait-il apporté spontanément, de gaieté de cœur, ses défenses à la personne qui les convoitait ? Cela est possible, probable même ; mais on ne peut l’affirmer, on n’en sait rien ; c’est une manière d’agir qui est en dehors des circonstances de la fin du Chaddanta. Le sacrifice occupe donc, dans l’ensemble de sa conduite, une place secondaire ; il est incomplet. Ce qui domine dans tous ses actes, c’est le soin qu’il prend de sauver la vie du meurtrier et de pratiquer ainsi avec éclat le premier précepte de la seconde Pâramitâ, le Çîla.

Nous sommes d’autant plus fondé à apprécier comme nous le faisons le sacrifice du Chaddanta, que le héros du Jâtaka 72 est donné comme observateur du Çîla pour s’être laissé enlever petit à petit (en trois fois) ses défenses par un ingrat qu’il avait obligé, qui les lui demande, et auquel il les accorde librement, bénévolement, sans avoir subi aucune contrainte. J’avoue seulement ne pas bien saisir pourquoi cette action est mise dans la catégorie du Çîla ; je la placerais dans celle du Dâna ; car j’y vois un véritable sacrifice, une mise en pratique de la première Pâramitâ. Le sacrifice est sans doute moins grand que celui de l’éléphant qui se précipite du haut d’une montagne pour nourrir une caravane affa-