Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
82
JANVIER-FÉVRIER 1895.

et dans celle du Lou-thou-tsi-king auquel appartient notre deuxième version chinoise, n’est pas celui qui a présidé à l’arrangement du grand Jâtaka pâli ; mais il en est question dans le Nidâna-Katha qui lui sert d’introduction, et où le Chaddanta-jâtaka est rangé avec plusieurs autres, dont le Jâtaka 72, parmi les textes relatifs à la deuxième Pâramitâ, c’est-à-dire au çîla « morale »[1]. Le Lou-thou-tsi-king, qui consacre ses trois premiers chapitres au Dâna (chi), et commence ie Çîla (kiaï) avec le quatrième, est d’accord avec le Nidâna-Kathâ. Examinons la raison de ce classement.

Le héros de nos quatre récits succombe sous les efforts de deux ennemis, une femme jalouse qui ordonne sa mort et un chasseur qui exécute l’ordre. Il pourrait tuer, ou faire tuer, ou laisser tuer son meurtrier, il ne le fait pas, il lui sauve la vie. Cet acte, quoi qu’on fasse pour l’exalter, n’est que la mise en pratique du premier précepte du Çîla : ne pas tuer, ne pas favoriser le meurtre, ne pas s’en réjouir. C’est là l’acte principal du Chaddanta ; il justifie la qualification du Nidâna-Kathâ. Mais il y a un acte secondaire, le don des défenses, auquel le Chaddanta n’était pas obligé ; car il pouvait faire évader le chasseur sans lui livrer ses défenses. Si donc il les lui fait ou laisse prendre, s’il s’en défait lui-même à son intention, c’est qu’il le veut bien ; c’est donc, en réalité, un sacrifice, c’est-à-dire un acte qui re-

  1. Voir Fausböll, Jâtaka, I, p. 45.