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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/953

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L’ITINÉRAIRE D’OU-K’ONG.

sont presque contemporaines de notre relation : le prince Kioue-Te-le ou Kül-Teghin, qu’elles commémorent, mourut en 731. L’analogie des caractères, le rapprochement des dates, l’identité de race désignent les inscriptions nouvelles de l’Afghanistan comme des inscriptions turques.

Il est fort probable que la dynastie turque du Kipin est identique à la dynastie nommée par Al-Biruni les Shâhiyas de Kaboul, et que la Râja-tarahginî nomme les Çâhis. Ces princes, au témoignage d’Al-Biruni étaient turcs, d’origine tibétaine, et protégeaient le bouddhisme avec zèle. Le premier, Barhategin, portait justement un nom où entrait le mol tegin qui répond au chinois te-le (cf. Kül Teghin, Inscrip. turq. de l’Orkhon = Kioue Te-le, Inscrip. chin. [?] et Histoire des T’ang). La dynastie bouddhique des Çâhis se maintint sans interruption jusqu’à la fin du ixe siècle ; elle fut alors remplacée par une dynastie brahmanique qui conserva le même titre : elle avait duré près de soixante générations (Alberuni’s India, trad. Sachau, II, 10 et suiv.). Précisément le même nombre de générations dans la chronologie du Cachemire, à partir de Çankaravarman qui vit la chute des Çâhis bouddhiques (883-901), nous ramène à Kaniṣka (cinquante-sept princes dans l’intervalle). Ou-k’ong, d’autre part, nous apprend que le roi descend de Kaniṣka. L’accord est parfait entre les diverses traditions : une dynastie turuṣka, issue de Kaniṣka, posséda le Gandhâra jusqu’à la fin du ixe siècle.