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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/107

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d’arbres le long de l’Yonne et du canal de Bourgogne, auquel plus de deux mille ouvriers travaillaient ; ce qui rendait cette contrée vivante et lui donnait un air animé qui distraisait la monotonie de ce voyage.

Mon ami qui s’était refusé à se laisser coiffer et raser depuis notre départ, avait un air épouvantable. Figurez-vous un jeune homme très-maigre avec un teint pâle, une barbe noire, un bonnet blanc, de dessous lequel s’échappaient des cheveux en désordre, et une paire de lunettes sur le nez, ajoutez à cela une grosse redingote de panne verte sur une veste et une culotte noire, et vous vous ferez une idée juste de l’homme aimable qui a dissipé la tristesse que devait naturellement produire la longueur de la route.

Mad. B… prenait un peu de gaieté, sa physionomie intéressante s’animait, et la fatigue qu’elle éprouvait, semblait en quelque sorte l’embellir.