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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/12

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sations qu’éprouve l’âme lorsqu’on se promène sur les bords du lac de Genève ; cette disposition à la mélancolie fait passer des momens délicieux : l’on m’a dit que quelques écrivains ont voulu définir les causes de cette disposition, je ne connais point leurs sentimens à cet égard ; mais voici ce que je crois qui produit au-dedans de nous cet effet mélancolique.

La nature n’est peut-être nulle part plus belle que dans la Suisse ; les contrastes de la lumière, les grandes scènes que l’on a sous les yeux, la pureté de l’air, ces oppositions que l’on rencontre à chaque instant : ici, à travers les arbres, vous appercevez un clocher ; le cri des pâtres, les bêlemens des troupeaux vous annoncent une habitation ; là une immense nappe d’eau argentée, couverte de barques et de batelets, contraste avec le verd des campagnes ; du côté de la Savoie,