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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/27

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Les habitations se voyaient à peine, les chemins avaient disparu, les précipices étaient comblés : la monotonie insupportable de la neige me fatigua, je cherchai à m’en distraire, et voici les réflexions que je fis.

Ce n’est pas dans le séjour des grandes villes que l’on apprend à connaître les beautés de la nature : l’être pusillanime, dont l’ame timide s’émeut facilement, n’abandonnera jamais les lieux qui l’ont vu naître ; il ne respirera point cet air vraiment pur qui enveloppe la nature sur le sommet des montagnes où il ne portera point ses pas : ses yeux ne seront jamais éblouis du vif éclat des glaciers de Chamouni, et ses oreilles ne seront point épouvantées du bruit de la cascade d’Arpenas, ou de Pissevache, ou de Lauterbrunn. Il ne connaîtra la nature et ses sublimes aspects que par ouï dire, et d’après des tableaux.