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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/28

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L’homme est fait pour voyager, il n’est point attaché au sol qu’il habite ; il n’est point une maison, un pré, un champ, il peut, il doit se transporter ; il faut qu’il aille connaître les autres nations, pour rapporter dans sa patrie leurs vertus, leurs arts, leur industrie, et leurs connaissances.

Je me transportai au milieu de l’été dans cette vallée délicieuse, cherchant à me mettre à l’abri de l’excessive chaleur du soleil ; je m’enfonçai dans un bocage, je m’égarai dans un bois de hauts sapins, et après une marche courte mais pénible, je m’assis sur un tapis de mousse et de rhododendron au bord d’un ruisseau dont le doux murmure invitait au repos. Avec quelle tranquillité les diverses scènes de ma vie se retracèrent à ma pensée ; je doutais de la vérité des événemens malheureux dont elle a été semée ; la paix était dans mon cœur. Comme je