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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/59

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J’ai la douleur de voir ce malheureux homme sortir sa pipe, son briquet, son amadou. Ah ! dis-je en moi-même, si elle pouvait être humide ? Hélas ! elle s’allume, et les bouffées de tabac commencent à nous étouffer. L’on ouvre une glace, et une pluie affreuse mouille mes genoux ; le vent, quoique fort, ne faisait pas sortir assez promptement la vapeur fumante. Bref, j’eus mal au cœur, et sans l’eau de Cologne de mon ami, le vin d’Espagne de M. B… et une croûte de pain de son aimable épouse, j’aurais certainement causé de petits désagrémens à la compagnie. Le fumeur me fit mille excuses, et me gronda en quelque sorte de ce que je ne lui avais pas dit que l’odeur de la pipe me faisait mal, qu’il n’aurait pas fumé, etc. Il pouvait dire vrai ; mais sa pipe était achevée, et je ne crus pas à ce qu’il me dit ; car d’empêcher certains Alle-