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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/58

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qui un jour sur le Pont-neuf, pour nous vanter les heureux effets de ses drogues, nous criait, en agitant un grand morceau de parchemin attaché au bout d’un bâton : « Regardez, Messieurs, voilà la peau du roi de Perse que j’ai guéri, et certes, avec de pareilles preuves, je ne cherche pas à vous tromper ! »

Il est des gens qui font d’abord preuve de politesse, et font ensuite des demandes fort désagréables ; ainsi fut notre Allemand ; après avoir été aimable quelque temps, il nous pria, de la manière la plus polie, de lui permettre de fumer une pipe : mes compagnons de voyage le lui ayant permis, je me tus et pris patience en enrageant ; l’odeur du tabac à fumer n’a jamais pu sympathiser avec moi, et il faut avoir bien peu d’usage du monde pour fumer dans un carosse qui renferme cinq personnes.