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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/122

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

journée — ressemblant à ce que nous appelons en Amérique le second été.


18 octobre. — Au club, M. …, qui est de l’entourage de M. de La Fayette, me dit que l’on appréhende que les amis du duc d’Orléans ne le dénoncent à l’Assemblée nationale, de façon à l’obliger à revenir. Ils s’attendent à ce que sa popularité à Paris le fasse triompher de ses ennemis. Il me demande d’aller dîner chez La Fayette, mais c’est impossible ; de plus, je ne veux pas l’ennuyer avec mes conseils, à moins qu’il ne les demande, et peut-être même pas dans ce cas. À trois heures, je vais chez Mme de Flahaut. L’évêque est avec elle. Nous parlons des changements proposés dans le ministère. J’insiste pour qu’on n’y fasse pas entrer Mirabeau, car l’on se trompe en croyant qu’après cette élévation il gardera son influence dans l’Assemblée ; l’opinion publique sera hostile aux ministres, s’ils s’adjoignent un homme d’aussi mauvaise réputation. En ce moment, tout dépend du ménagement que l’on aura pour cette opinion. L’évêque me dit que, d’après lui, aucun ministère, dont ferait partie M. Necker, ne peut réussir. Après son départ, Mme de Flahaut me dit que La Fayette est décidé à ne pas laisser confier le portefeuille de la guerre à Montesquiou. Mirabeau l’a dit à l’évêque. Montesquiou lui a dit, à elle, que Necker déclare pitoyables les calculs qui se trouvent dans la proposition de l’évêque. Cela explique les propos qu’il m’a tenus. La Fayette a commis une grande faute en faisant des confidences à Mirabeau. Ce sera honteux de l’employer et dangereux de le négliger, parce que chaque conversation lui fournit des droits et des moyens d’action. Elle ajoute que l’évêque s’est invité à dîner chez elle tous les jours. Nous rions en bavardant. Je vais dîner chez le général Dalrymple. Le général me dit tenir de source certaine que le duc d’Orléans a imploré le pardon du roi à genoux. Des dépêches