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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

avec mes amis. J’ajoute pourtant, pour sa gouverne personnelle, qu’à mon avis, aucun changement utile ou inoffensif ne peut s’opérer en ce moment.

Après son départ, je vais chez Mme de Staël. L’évêque d’Autun s’y trouve, et nous décidons de dîner avec de Montesquiou chez Mme de Flahaut vendredi prochain, afin de discuter le plan financier de Necker, que l’on doit faire connaître ce jour-là. Beaucoup de bavardage sans importance. Mme Dubourg a la bonté de me pousser un peu à lui causer, et m’avoue tout bas que « Madame l’ambassadrice fait les doux yeux à M. l’évêque » ; je l’avais déjà remarqué, ainsi que sa crainte que je ne fusse trop clairvoyant.


12 novembre. — Je dîne aujourd’hui avec M. de Montmorin. Après dîner je l’entretiens de la situation des affaires. Il me dit que le ministère n’a pas de tête ; M. Necker est trop vertueux pour en être le chef et il a trop de vanité ; lui-même n’a pas les talents voulus, et même, les ayant, il ne pourrait subir cette fatigue ; le roi est incapable de prendre de grandes décisions ; il ne lui reste donc d’autre moyen pour devenir puissant que de gagner l’amour de ses sujets, auquel il a droit par la bonté de son cœur. Mme de Flahaut me dit, quand je vais la voir ce soir, qu’elle désire voir son mari nommé ministre plénipotentiaire en Amérique. Elle en a parlé à Montesquiou, qui s’est adressé à Montmorin ; mais on lui a répondu que la place n’était plus vacante depuis dix mois. Je lui avais déjà dit que c’était impossible, du moins pour l’instant.


13 novembre. — Je suis invité aujourd’hui à me rencontrer avec l’évêque d’Autun et le duc de Biron chez Mme de Flahaut, mais il faut conduire d’abord Mme de Laborde et ma belle hôtesse visiter Notre-Dame. L’évêque d’Autun et le duc considèrent M. Necker comme absolument ruiné. Le duc me dit que le plan de Necker a été désapprouvé